"On se voit sur le terrain de volley ?" : à Quimper, le camping se met à l'heure des Jeux de Paris 2024

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Un article de Pierre-Louis Caron - avec Pauline Gauer, photographe
 
En troquant leurs tongs pour des baskets, les résidents du camping de Lanniron ont vécu à leur manière les épreuves suivies à la télévision. Selon les acteurs du sport, les vacances d'été sont un moment crucial pour inciter à bouger plus.

Pas forcément bien réveillés, les athlètes du jour s'installent au compte-goutte sur la pelouse. Au micro, les animatrices sont dans les starting-blocks : "Bienvenue tout le monde, c'est parti pour la journée olympique !" Ce mercredi 31 juillet, le camping de L'Orangerie de Lanniron, à Quimper (Finistère), s'est mis au rythme des Jeux de Paris 2024. Au programme : des olympiades en famille, où enfants et adultes doivent se dépasser sur leur lieu de vacances pour viser le podium.

 

"Nous avons essayé de coller le plus possible aux vraies épreuves", explique Juliette Royant, chargée de la communication pour cette saison estivale. En guise de cérémonie d'ouverture, mais aussi d'échauffement, les six équipes entament la danse du camping. Une dizaine de pas chassés et quelques applaudissements plus tard, il est déjà 10h30. Tout le monde semble prêt à enchaîner les épreuves concoctées pour l'occasion.

Avant d’enchaîner les épreuves, l’échauffement est de rigueur pour les athlètes du jour

Venus de Rennes pour la semaine, Nicolas, Aurore et leurs deux enfants composent la "Ice Cream Team". Un nom trouvé par Lisa, l'aînée, qui "adore tout simplement les glaces". Déjà inscrite à la danse, elle pourrait se lancer dans le judo à la rentrée, "comme ce qu'on a vu à la télévision", commente sa mère. Pour leur première épreuve, les Rennais vont affronter "les Aigles", une famille parisienne, au cours d'une bataille d'"archery tag", où il faut atteindre des cibles à l'aide de flèches rembourrées sans se faire toucher par l'adversaire.

Lisa, 10 ans, a plus l’habitude de la danse ou de la gymnastique que du tir à l’arc, ce qui ne  l’empêche pas de marquer des points pour sa famille.

Après deux manches de 4 minutes chacune, les deux équipes reviennent en nage. "Ça m'a paru durer dix fois plus longtemps !", s'écrie Aurore, essoufflée. En face, Arthur, 10 ans, a "tout donné" avec ses parents, Julien et Laëtitia. "On essaie de rester en forme. Pour nous, les congés sont souvent actifs, entre la course à pied et la randonnée", explique le père, satisfait malgré la défaite. Même les passages à la piscine sont l'occasion de "pousser un peu", alors qu'Arthur, licencié d'un club d'athlétisme, est très content de pouvoir "se lâcher sur le sport" pendant l'été.

La ferveur olympique "même loin de Paris"

Au centre du camping, Tamara arbitre l'épreuve de danse. "On ne pouvait pas passer à côté", sourit la jeune animatrice, alors que le breakdance s'est frayé un chemin en tant que discipline olympique cette année, pour la première fois de l'histoire. Les différentes équipes qui défilent devant elle ont quelques minutes pour apprendre une partie de la Danse des Jeuxchorégraphie officielle des JO de Paris signée Mourad Merzouki. "Ce n'est pas facile, mais j'ajoute des points s'il y a des sourires", confie Tamara, elle-même fan de danse et étudiante en Staps.

 
Ursula, Ian et leurs deux enfants représentent l’Angleterre lors des olympiades du camping de  Lanniron à Quimper (Finistère), le 31 juillet 2024.
 

En plus de leur timidité, les compétiteurs doivent surmonter le soleil écrasant et les 31°C du jour. "On ne pensait pas s'investir autant !", avouent Ian et Ursula, des touristes anglais en vacances avec leurs deux enfants, Connie et Ted. La petite famille ne regrette toutefois pas son choix. "C'est sympa de participer d'une certaine manière à ces Jeux que l'on voit s'afficher partout, au restaurant, dans les rues, au supermarché… Même loin de Paris, on ressent cette atmosphère très spéciale", explique Ian, interrompu par son téléphone. "On vient de gagner le bronze en plongeon !", se réjouit-il, en donnant le détail du classement à sa fille.

Les vacances, "moment idéal pour se remettre au sport"

Après avoir jonglé entre les ballons et des questions sur les Jeux de Paris, les équipes s'affrontent à "l'escal'arbre". Assuré d'un harnais, il faut ici grimper le plus vite possible le long d'un tronc truffé de prises pour toucher une plateforme en bois, puis se laisser tomber. Si la vitesse n'est pas celle des pros de la grimpe, le record du jour est tout de même de 24 secondes. "Oui, enfin, c'est un monsieur qui travaille sur des pylônes électriques...", objecte un vacancier venu assister aux épreuves.

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Au sein des équipes, tous les participants n'ont pas la même condition physique, "et ce n'est pas un problème", assure Oussama, le coach sportif du camping, qui voit ces olympiades d'un bon œil. "Quand les gens sont en congés, c'est le moment idéal pour se remettre au sport, rapporte-t-il. Ils ont l'esprit plus libre et le temps de s'écouter davantage, de penser à leur santé." Tous les matins à 8h30, son cours de réveil musculaire affiche presque complet. L'âge des participants va de 10 à 65 ans, "avec des gens qui bougent très peu d'habitude et d'autres qui sont, à l'inverse, fans de crossfit , détaille l'entraîneur. Il y a une énergie, et tout le monde repart avec le sourire pour continuer sa journée."

A l'occasion des Jeux olympiques et paralympiques, la question du sport sur les lieux de vacances fait partie de la grande cause nationale 2024, décrétée par la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra. En lien avec plusieurs acteurs, dont la Fédération française des clubs omnisports (FFCO), un programme baptisé "Bouge ton camping" a même été lancé à travers la France. "On propose aux vacanciers de passer un test à l'effort d'une vingtaine de minutes, afin d'identifier les carences sur la souplesse, le cardio, l'équilibre...", liste Denis Lafoux, directeur de la FFCO, joint par téléphone. Avec l'espoir qu'au retour de vacances, "les gens se remettent au sport ou aillent chercher le pain à pied ou à vélo plutôt qu'en voiture, par exemple", explique-t-il.

Oussama, coach sportif intervenant sur le camping, a pour mission de remettre les vacanciers sur  le chemin du sport.

Au camping de Lanniron, la caravane de l'opération ne passera pas cette année, mais la volonté de pousser les vacanciers à faire du sport est identique. "Paris 2024, c'est l'occasion de mettre l'accent sur l'exercice physique", explique Juliette, qui anime aussi des sessions de yoga pour les campeurs certains matins de la semaine. "On a eu de très bons retours des résidents jusqu'ici." 

Des envies de bouger en parallèle des "vrais JO"

En début d'après-midi, lessivées par la suite d'épreuves, les équipes vont enfin connaître le classement final. Dans une ambiance très fair-play, des médailles, mais aussi des lots, sont distribués à toutes les délégations. Chez les plus jeunes, les raquettes de plage semblent faire davantage plaisir qu'une place sur le podium. "On a déjà gagné un ballon hier. Maintenant, on a tout !", s'exclame l'un des enfants. De leur côté, les Rennais de la "Ice Cream Team" n'en reviennent pas d'avoir remporté ces olympiades. "Nous n'étions pourtant pas les plus sportifs", répète en riant Nicolas, le père. Leur performance leur permet de décrocher un bon pour une petite sortie en bateau sur la rivière de l'Odet, toute proche.

Nicolas et sa fille Lisa, vacanciers originaires de Rennes, savourent leur première place au  classement olympique.

Assez vite, les "vrais JO" s'immiscent dans les conversations. Certains ont hâte de pouvoir suivre l'athlétisme, les épreuves reines du sprint et du saut en hauteur notamment. D'autres s'emballent pour les exploits du nageur français Léon Marchand. Chez les Britanniques, on rappelle que le tennisman Andy Murray vise un baroud d'honneur avant de poser sa raquette pour de bon. "Les Jeux, c'est l'occasion de voir tout un tas d'athlètes, les reconnus comme les nouveaux", note Ian, dont la famille se félicite après avoir fini en bas de tableau.

L'animation du jour aura aussi permis de mettre en lumière les autres activités sportives proposées. "On se voit sur le terrain de volley-ball cet après-midi ?", se demandent deux couples d'Anglais, même si la chaleur se fait de plus en plus pesante. Requinqués par les récompenses, les enfants ont une furieuse envie de reproduire les épreuves à travers le camping. "Après manger, on va tout de suite à la piscine", lance une fillette à sa mère. "Nous aussi, on peut ?", demandent illico deux autres garçons. Pour les parents cet été, pas de trêve olympique à l'horizon.

 

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